• Destruction de la forêt russe : à quoi jouent les Français ?

     

    Cécile Duflot, Catherine Grèze, Eva Joly et Dominique Voynet

     

    Aujourd'hui, un grand groupe français de BTP, Vinci, avec la complicité active de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe et du gouvernement français, fait pression pour continuer coûte que coûte la construction d'une autoroute entre Moscou et Saint-Pétersbourg. A la clé de ce chantier de 1,8 milliard d'euros, une manne récurrente de près de 700 millions d'euros de péage par an pour le groupe de BTP semble aveugler les hommes d'affaires.

    Même si le tracé choisi doit détruire un des trésors naturels russe, la forêt de Khimki, qui abrite sur près de 1 000 hectares une biodiversité unique au monde et des chênes centenaires. Même si les habitants et les entreprises locales se mobilisent depuis 2007 sans relâche pour demander le changement de tracé, relayés depuis cette année par les Moscovites, notamment lors d'une manifestation de plusieurs milliers de personnes le 23 août. Même si la répression à l'égard des manifestants pacifiques, marqué par la violence des arrestations, au premier rang desquelles celle d'Evguenia Chirikova, leader du mouvement de défense de la forêt de Khimki, ont été dénoncées par la Fédération internationale des droits de l'homme. Même si la force des pétitions pour sauvegarder la forêt ont décidé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à retirer sa participation au financement du projet. Même si Transparency International Russie a relevé un fort "potentiel de corruptibilité" dans le projet. Et même si le président Medvedev a annoncé le 26 août qu'il arrêtait le chantier pour reprendre "la concertation populaire".

    Coûte que coûte, Igor Levitin, ministre des transports, et Boris Gromov, gouverneur de la région de Moscou, maintiennent leur volonté d'associer le hub stratégique de l'aéroport de Cheremetievo à cette autoroute payante et lucrative. Dès 2004, la loi russe de défense de l'environnement et des forêts a été amendée pour permettre à ce projet de transformation de l'espace naturel en zone constructible de voir le jour. Dès 2009, le gouvernement russe a permis à la police de violenter les défenseurs de la forêt tandis qu'une milice privée les menace de mort encore aujourd'hui.

    Le 16 septembre dernier, Emmanuel Quidet, président de la Chambre de commerce française, a plaidé pour que la construction "déjà décidée" par la Fédération de Russie continue. Il espère que l'année de la France en Russie donne "une direction claire et solide à de grands projets d'infrastructures bilatéraux". Et il ajoute que le temps de la concertation a déjà eu lieu et que les "doutes et remarques des experts" ont déjà été prises en compte.

    POUR LA MODIFICATION DU TRACÉ DE L'AUTOROUTE

    Cette situation, aux enjeux complexes et aux intérêts entremêlés, est banale à travers le monde. Il s'agit de la prédation et de la destruction des ressources naturelles au nom du profit. Il s'agit précisément de ce combat que les élus d'Europe Ecologie-Les Verts ont choisi de mener contre la surenchère de la marchandisation qui entraîne une extrême sur-consommation des ressources. Il s'agit ici, et cela nous touche plus particulièrement, d'un projet de destruction d'un écosystème formé pendant des milliers d'années, mené selon des méthodes contraires aux droits de l'homme et avec la participation active de représentants officiels français.

    Ce qui se passe dans la forêt de Khimki nous concerne, nous Français, nous Européens et nous, écologistes. Nous soutenons le combat des associations d'habitants et d'entreprises pour la modification du tracé de l'autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg. Nous dénonçons le traitement auquel ceux-ci sont soumis de la part des autorités russes. Nous souhaitons que les autorités françaises en Russie s'honorent en contribuant à la prise en compte des pétitions populaires. Nous demandons avec force que le gouvernement veille, en concertation avec la Chambre de commerce et d'industrie, pour que l'activité du neuvième investisseur étranger en Russie, la France, ne soit pas complice de la destruction aveugle et court-termiste des richesses naturelles. Pour que la défense des intérêts industriels de notre pays, quelle que soit la place dans le monde où elle s'exerce, ne soit pas en contradiction avec les intérêts écologiques et sociaux dans le respect des valeurs démocratiques.

     


    Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts ; 

    Catherine Grèze, eurodéputée ; 

    Eva Joly, eurodéputée, présidente de la Commission développement du Parlement européen ;

    Dominique Voynet, maire de Montreuil, sénatrice de la Seine-Saint-Denis.


    1 commentaire
  • Messieurs les sénateurs,

     

    Cette lettre vous est adressée par les associations Agir pour l’environnement, les Amis de la Terre, le Cniid et le WWF suite à la publication du rapport d’information « Traitement des ordures ménagères : quels choix après le Grenelle ? » réalisé par la mission commune d’information sur les déchets du Sénat dont vous êtes respectivement président et rapporteur. Ce rapport, présenté comme un « guide d’aide à la décision » pour les élus locaux, se voulait « pratique et opérationnel ». Après lecture, il apparaît clairement comme un document visant à remettre en cause la traduction dans la loi française des rares avancées d’un Grenelle de l’Environnement probablement estimé trop « vert » par les auteurs du rapport. Nos craintes initiales de conclusions écrites à l’avance ont été confirmées : loin d’apporter des éléments concrets pour l’atteinte d’objectifs de prévention, de réemploi ou de recyclage, les trois modes prioritaires dans la hiérarchie des déchets qui font l'objet d'un consensus depuis plus de 10 ans, le rapport vise à maintenir le statu quo d’une politique française très en retard en matière de déchets face à ses voisins européens.

     

    Des attaques injustifiées envers le milieu associatif

     

    Le tiers du rapport s’attache à réhabiliter coûte que coûte l’incinération et le stockage. Il aurait été fort utile d’auditionner les associations sur la demande de moratoire que vous réduisez de façon trompeuse et réductrice à l’unique question des « dioxines » (1). Vous n’hésitez d’ailleurs pas à parler du « lobby des associations » qui aurait fait « céder le gouvernement » sur un certain nombre de mesures (TGAP en particulier), considérant nos demandes dénuées de « tout fondement ». On peut légitimement se demander de quel côté se trouvent les lobbies quand on compare les 28 représentants d’entreprises privées du déchet (2) auditionnées par votre mission aux 3 représentants associatifs entendus. Selon le rapport, les élus locaux seraient partagés entre les « propositions des industriels » et les « pressions des associations ». Pourquoi ne pas avoir cité également les pressions exercées par les industriels et les propositions, qui ne manquent pas au niveau local comme national, émanant des associations ? En ce qui concerne celles du collège ONG du Grenelle, défendues depuis trois ans, soit vous ne souhaitiez pas les connaître, soit vous les avez volontairement éludées.

     

    Notre militantisme associatif ne saurait être contradictoire avec une approche scientifique et rationnelle : cet engagement nous oblige au contraire à encore plus de rigueur. Vous reconnaissez notre expertise sur des thématiques aussi variées que la prévention, la collecte sélective des biodéchets, le tri mécano-biologique ou la tarification incitative puisque vous avez souhaité connaître notre avis. Il aurait été constructif d’avoir du temps pour vous faire part de nos réflexions sur l’incinération et le stockage alors même que les positions des industriels du secteur et leurs données sont abondamment reprises dans le corps du rapport.

     

    Un plaidoyer clairement pro-incinération

     

    Le sujet de l’incinération des déchets, abondamment traité dans le rapport, appelle quelques précisions. Présenter ce traitement sans la moindre réserve ni critique, comme « une opportunité à saisir pour limiter les gaz à effet de serre […] et développer les énergies renouvelables » n’est qu’un exemple des assertions inacceptables qui ponctuent le rapport. Les énormes émissions de CO2 fossiles émises par l’incinération sont sans commune mesure avec les tonnes de CO2 prétendument « évitées » (3). Présenter l’incinération comme une source d’énergie renouvelable est un non-sens scientifique et écologique : sans les plastiques présents dans les ordures ménagères, les biodéchets d’origine renouvelable et constitués principalement d’eau ne pourraient brûler (4). Demain, quand la France traitera enfin ses biodéchets séparément, les incinérateurs ne brûleront presque exclusivement que des matériaux d’origine fossile. Même le Syctom de l’agglomération parisienne, qui n’est pas connu pour ses positions contre l’incinération, s’est désolidarisé de son ancien exploitant Tiru, que vous avez auditionné, sur cette notion d’énergie renouvelable dans le récent débat public d’Ivry Paris XIII (5).

     

    Le choix de la sémantique utilisée tout au long du rapport est révélateur d’un parti pris délibéré (6) visant à marquer du sceau de l’irrationalité toute critique à l’encontre de l’incinération et du stockage. Nous devons mettre au crédit de votre mission la suppression dans le rapport final de l’expression « innocuité sanitaire » en parlant des impacts de l’incinération, expression qui ne figurait pas moins de six fois dans le rapport préliminaire ! Un sursaut d’objectivité a probablement permis d’éviter cette contre-vérité scientifique. Il n’en reste pas moins que vous omettez de parler des nombreuses incertitudes qui planent toujours sur les impacts sanitaires de l’incinération. Nous partageons avec vous le souci de la rigueur scientifique que vous mettez en avant : nous nous étonnons toutefois que vous ne citiez que le professeur Narbonne et que vous réduisiez finalement l’avis de la communauté scientifique au sien (7). L’étude sur les cancers de l’Institut de veille sanitaire (InVS) apportent pourtant des éléments qui démentent une absence de risques comme votre rapport le sous-entend : la conclusion de l’étude précise que les risques actuels ne pourront en effet être connus… que dans 10 ou 20 ans (durée équivalente à la période de latence estimée  d’apparition des cancers) par le renouvellement d’une étude épidémiologique de la même ampleur. De plus, la composition de nos déchets évolue et d’importantes quantités de déchets dangereux (DEEE notamment) contaminent nos ordures ménagères : les connaissances sur les contaminants présents dans nos ordures et les polluants issus de l’incinération sont ainsi encore très lacunaires (8).

     

    Ce rapport n’apporte malheureusement pas d’éléments nouveaux significatifs pour améliorer la gestion des déchets par rapport à ce qui est déjà connu. Il ne peut qu’inciter les élus à rester dans le schéma décharge/incinération dans lequel notre pays est enlisé depuis des décennies. A l’instar de cette lettre, nous souhaitons que le dialogue reste ouvert et puisse se poursuivre. Nous vous prions, Messieurs les sénateurs, de recevoir l’expression de notre plus haute considération.

     

    Stéphen Kerckhove, Délégué général d’Agir pour l’environnement

    Sébastien Lapeyre, Directeur du Cniid

    Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre

    Serge Orru, Directeur du WWF  

     

    (1) Concernant la demande de moratoire, il aurait été nécessaire de parler aussi des coûts économiques, de l’impact climatique, des impacts sanitaires et environnementaux dans leur ensemble, des freins à la prévention et au recyclage, du devenir des résidus de traitement,…(2) Parmi les structures privées auditionnées, citons : le MEDEF, la FNADE (Fédération nationale regroupant toutes les grosses entreprises du déchet), le SVDU (syndicat d’exploitants d’incinérateurs), Veolia, Suez Environnement, Vinci environnement, Sita France (filiale déchets de Suez), Novergie (filiale incinération de Suez), Tiru (filiale incinération d’EDF), Séché (exploitants de décharges), Cnim (constructeurs d’incinérateurs)…(3) Les incinérateurs français rejettent chaque année en CO2 l’équivalent de 2,3 millions de voitures.(4) En juin 2001, les députés européens eux-mêmes précisaient qu’assimiler l’incinération à une source d’énergie renouvelable était « en contradiction avec les réalités scientifiques mais aussi avec l’image de l’électricité « verte » » - Directive 2001/77/CE – Recommandation pour la deuxième lecture(5) Débat public sur le centre de traitement des déchets d’Ivry/Paris XIII – Réunion publique du 7 octobre 2010(6) Expressions utilisées pour l’incinération : « un tabou à lever », « le Grenelle a perpétué le « tabou » qui entoure cette technologie », « méfiance véhiculée par certaines Ong », « discours de stigmatisation dépourvus de tout fondement »…Pour le stockage : le réduire mais « avec discernement », « pâtit d’une image négative », « mettre un terme à la stigmatisation récurrente dont est victime ce […] traitement»…(7) Le Professeur Narbonne est un personnage médiatique étiqueté « expert Afssa », très souvent sollicité par les exploitants d’incinérateurs, à titre individuel ou via son bureau d’étude. Certaines phrases du rapport reprennent mot pour mot les phrases classiques que nous avons l’habitude d’entendre de sa bouche, notamment : « il n’y a plus d’impact sanitaire des usines d’incinération mises aux normes ». Cet avis n’est pas partagé par l’ensemble des « experts » contrairement à ce que sous-entend le rapport.Toutes thématiques confondues, la mission a seulement auditionné quatre scientifiques, soit sept fois moins que d’industriels.(8) Notamment sur les dioxines bromées (formées notamment par la combustion des retardateurs de flamme bromés) dont les dangers pourraient s’avérer autant voir plus élevés que les dioxines chlorées.


    votre commentaire
  • Chers ami(e)s en Europe,

    Déjà moribondes, les négociations mondiales sur le climat pourraient bientôt totalement échouer à moins que les dirigeants européens ne soutiennent de fortes mesures de protection des forêts. Envoyez un message à votre Ministre de l'Environnement l'appelant à agir en leader du climat et à s'opposer à toute manipulation comptable sur les forêts:

    Envoyez votre message!

    La semaine prochaine, un petit groupe de pays européens s'apprête à imposer une faille importante dans les négociations climatiques en cours, ce qui menace encore un peu plus leur chance d'aboutir. Un mobilisation mondiale dès aujourd'hui pourrait stopper leur plan et redonner de l'énergie aux négociations climatiques.

    Depuis le Sommet de Copenhague, ces négociations mondiales sur le climat ont été proches de la rupture, et il est urgent de leur donner un nouvel élan. Mais aujourd'hui la Suède, la Finlande et l'Autriche unissent leurs efforts pour introduire un échappatoire comptable concernant l'exploitation forestière qui laisserait aux pays riches la possibilité de couper autant d'arbres qu'ils le souhaitent -- sans avoir à rendre compte de l'impact de cette activité sur le climat.

    Les autres pays européens peuvent empêcher l'introduction de cette faille dans le texte des négociations, arrêter la course vers le bas et redonner un cap aux négociations climatiques, ce dont le monde a vraiment besoin aujourd'hui. Mais sans la pression du public, ils ne seront pas incités à prendre ce rôle de leader. C'est à nous d'agir, en tant que citoyens européens, en envoyant un déluge de messages à nos Ministres de l'Environnement, les appelant à faire preuve de responsabilité pour le climat en misant sur les forêts. La réunion a lieu la semaine prochaine -- cliquez ci-dessous pour envoyer votre message, puis faites suivre ce message à vos amis et vos proches:

    http://www.avaaz.org/fr/eu_trees_not_tricks/?vl

    La négociation concernant une faille dans la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre dues à l'exploitation forestière intervient à un moment crucial. L'élan politique pour enrayer le changement climatique s'est essoufflé -- alors que la crise climatique s'aggrave. 2010 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, marquée par une vague de catastrophes liées au changement climatique, du Pakistan à la Russie.

    Les forêts sont les poumons de notre planète, sources de vie pour des populations et pour la faune et le reste de la flore partout dans le monde. Elles peuvent aussi jouer un rôle crucial dans le combat contre le changement climatique. Mais elles sont menacées: la déforestation contribue déjà à 20% de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Nous ne pouvons laisser quelques pays mettre à mal tous les efforts pour les protéger, et leur permettre d'exploiter les forêts au lieu d'agir réellement contre le réchauffement climatique.

    Si nous parvenons à renforcer la position de l'Europe face à ces enjeux, nous pourrons relancer l'espoir d'une relance dans les négociations climatiques dont l'issue déterminera l'avenir de notre planète. C'est le moment de dire aux dirigeants européens que les citoyens leur demandent de montrer la voie -- envoyez votre message maintenant, puis faites suivre cet email à tous:

    http://www.avaaz.org/fr/eu_trees_not_tricks/?vl

    Suite à la récession économique, l'Union Européenne a souffert d'une crise de confiance sur le climat -- paralysée par la peur d'un échec, elle a renoncé au rôle historique qu'elle doit jouer dans les négociations internationales. Nous savons que l'Europe peut agir avec ambition pour la protection des forêts parce qu'elle l'a fait dans le passé: il y a quelques mois, les citoyens européens et les dirigeants politiques ont joué un rôle clé pour arrêter le commerce de bois illégal aux conséquences désastreuses.

    Osons envisager un monde où les forêts seront respectées par nos gouvernements autant que les respectent les populations partout dans le monde. Alors que nous construisons jour après jour un mouvement capable d'enrayer le changement climatique, agissons aujourd'hui pour la protection des forêts qui ont subvenu aux besoins de l'humanité depuis des millénaires.

    Avec espoir,

    Ben, Iain, Alex, Graziela, Ben M, Mia, David et le reste de l'équipe d'Avaaz.

    Sources:

    Comment les tricheries des pays menacent les efforts de protection des forêts (en anglais): http://adoptanegotiator.org/2010/06/05/cheating-countries-threaten-efforts-to-save-forests/

    Etat des négociations sur le climat, dont les mécanismes concernant les forêts: http://www.iisd.ca/vol12/enb12478f.html

    L'initiative "Misons sur la forêt" revient sur les enjeux de la protection des forêts: http://misonssurlaforet.org/probleme.php


    votre commentaire
  • Caroline Mécary

    Avocate,

    Présidente de la Fondation Copernic

    et

    Conseillère Régional en Ile de France ( Europe Ecologie ),

    nous explique pourquoi la nouvelle loi sur les retraites est discriminatoires pour les femmes.


     http://vimeo.com/15197252

     

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires